Cyril Cyril

De tous les Cyriles nés dans la cité de Calvin à l’aube des années 80, ces deux-là ne pouvaient que se retrouver.
Muezzin sans frontières, Cyril Yeterian est arrivé dans le monde échevelé par le biais de Mama Rosin, un trois-pièces qui remuait les fantômes du bayou dévoyé, le Mardi Gras moite de quelque Louisiane électrique. Très vite, le monde est tombé amoureux de leur flair. La BBC les a célébrés, Jon Spencer les a produits, les disques ont proliféré. Et puis en 2017, la période de lune de miel est passée.

Dans le même espace-temps, Cyril Bondi a pris la route. Lui aussi a voyagé, connu l’ascension, l’euphorie des sommets et puis la chute. Plaistow, son jazz band médiumnique et hypnotique, chahute le monde saturé des trios piano-basse-batterie et conquiert les cœurs à travers l’Europe et l’Orient. Jusqu’au point de rupture.

Alors Bondi se met à la recherche d’un local pour déposer son matériel. Il trouve mieux : un complice de prospection musicale, un autre Cyril en phase avec son instinct rebelle.
Cyril et Cyril étaient dans le même bateau, et tous deux ont fait le grand saut.
Guitariste et accordéoniste, Cyril Y. s’est attaqué au banjo, lui ajoutant des pédales d’effets pour en faire un bouzouki chétif, un bağlama épique ou un krar. Cyril B. a bricolé une batterie cannibale, avec des clochettes massives et des coquilles de noix tropicales incrustées dans sa grosse caisse.