Les Marquises
Une dérive lancinante
Pour accompagner « Soleils Noirs » 5ème album proposé par Les marquises, Jean-Sébastien Nouveau propose un titre supplémentaire qui n’y apparaît pas, mais qui en est comme le prolongement : il s’agit du morceau « L’ailleurs », chanté cette fois et dont les paroles écrites en français sont une célébration poétique de l’idée de départ, comme une autre invitation à la rêverie de l’exil.
Pour qui suit l’aventure musicale des Marquises et le travail de son maître d’œuvre, Jean-Sébastien
Nouveau, la surprise est souvent au rendez-vous. Soleils noirs, le cinquième album d’une discographie entamée en 2010, ne déroge pas à la règle et fascine autant qu’il étonne. Changement de cap pour Jean-Sébastien Nouveau : après trois albums inauguraux où il s’entourait de musiciens réputés de la sphère indé (Jordan Geiger sur Lost, Lost, Lost, Etienne Jaumet ou Benoît Burello sur Pensée magique, Matt Elliott, Olivier Mellano ou Christian Quermalet sur A Night Full of Collapses), et dans la foulée d’un quatrième disque célébré par la critique et élaboré de concert avec son acolyte de toujours, Martin Duru (La Battue, 2020), il a choisi de resserrer encore la formule et de voguer seul, comme une recherche d’intimité poussée toujours plus loin.
Soleils noirs est une plongée dans son univers propre, même si le musicien lyonnais s’est tout de même accompagné de la violoniste Agathe Max, déjà présente sur A Night full of collapses et qui est l’unique intervenante extérieure du disque. Sur le plan musical aussi, ce nouvel opus des Marquises prend la tangente et s’émancipe des cadres imposés. Alors que La Battue creusait une veine résolument pop, croisant les mélodies hantées et les rythmiques tribales qui sont la marque de fabrique du groupe, Soleils Noirs bifurque vers l’ambient, en un parti-pris osé et assumé tout du long. Ce registre, Jean-Sébastien Nouveau l’avait déjà défriché dans des créations antérieures ; il le laisse pleinement se déployer à présent.
au Périscope
Jean-Sébastien Nouveau (claviers et sampler)
Martin Duru (claviers et sampler)
au Périscope