Seijiro Murayama & Jean-Luc Guionnet

L'écho des lieux.

« Les qualités et les quantités singulières du lieu sont pour nous la condition première de notre musique, la pichenette qui nous fera jouer comme-ci plutôt que comme-ça. Ce qui implique forcément une grande diversité de résultats d’un concert à l’autre. Pour dire, qu’entre notre humeur du moment (puisqu’il est dit que forcément nous en avons une), l’architecture et l’acoustique du lieu, le type d’attention du public et les caractéristiques du bruit de fond, le lieu et le moment passent au filtre de notre propension à jouer ou à ne pas jouer ceci ou cela.« 

Jean-Luc Guionnet

Ce duo a commencé comme un projet d’improvisation purement musical.
En 2006, il a été intégré par Catherine Diverrès dans un projet chorégraphique (Blowin’), tout en poursuivant en parallèle son chemin original. Structure, présence des danseurs, lumières, objets, tous les éléments de cette création nous ont obligé à trouver des modes de jeu musicaux complètement différents, malgré l’engagement fort du projet dans l’improvisation qui nous est familière. D’où est né, l’idée de trouver d’autres champs d’exploration pour le duo.
En supposant le « non-concert » comme situation, par rapport à l’espace, au temps, au silence, etc.
Faire un concert comme non-concert. À la recherche de l’absence. (Extrait d’une chronique de Potlatch.)

Window Dressing est le deuxième essai du duo Guionnet/Murayama  après Le bruit du toit, paru en 2007. Sur le site de Jean-Luc Guionnet, nous pouvons lire à propos de la première forme du projet qu’il consistait avant tout en une improvisation in situ, la musique étant principalement déterminée par l’environnement dans lequel elle prend forme. Etant donné que Le bruit du toit fût enregistré en studio, il s’agissait dès lors de « faire un concert comme non-concert. A la recherche de l’absence » (Murayama), d’où une certaine forme d’austérité et de froideur d’après mon souvenir de ce disque. Mais pour Window Dressing, les données changent car les deux sessions qui composent ce disque furent enregistrées en live : la première à Ljubljana lors d’un concert organisé par Zavod Sploh, et destinée à une diffusion radiophonique, la seconde, saisie à la perche par Eric La Casa dans une bibliothèque parisienne.

Durant ces quatre pièces, la spontanéité semble régir la plupart des structures et des modes de jeux. Comme  le notait Jean-Luc Guionnet en 2007 déjà, tout deux semblent autant réagir aux propriétés spatiales et acoustiques du lieu dans lequel ils jouent, à l’écoute et à l’attention du public, qu’aux techniques instrumentales et aux caractéristiques sonores adoptées par chacun. La tension résultant de la concentration et de l’attention à tous ces paramètres est palpable de bout en bout, au sein de la musique d’une part, mais également au sein de l’écoute de l’auditeur lui-même, pour qui une certaine forme d’attention assez singulière est requise. 

Un dialogue entre la présence et l’absence qui forme la profondeur et les multiples contrastes de ces improvisations. Contrastes d’intensités qui vont du silence long et pesant aux notes criardes et stridentes de l’alto, en passant par des caisses claires doucement percutées de manière sporadique.

  
ça s'est passé
au Périscope
Seijiro Murayama & Jean-Luc Guionnet 10.06.2015
Jean Luc Guionnet (saxophone alto)
Seijiro Murayama (percussions)
ça s'est passé
au Périscope
Seijiro Murayama & Jean-Luc Guionnet 10.06.2015