KAIXU marque un nouveau point de rencontre entre les percussions colombiennes et le jazz lyonnais tout terrain
Retour sur une rencontre franco-colombienne.
La création « KAIXU » par Pixvae s’inscrit dans le projet de création de «Músicas Híbridas : Bogotá-Lyon» en proposant une création inédite entre les deux pays.
Fils adoptif de la sono mondiale et de la botanique, « Kaixu » est né de greffes successives entre trois « traditions » musicales : les musiques afro colombiennes, le rock underground et le jazz contemporain. Une première expérience réalisée fin 2015, donne vie au groupe Franco-colombien Pixvae. Créé par le saxophoniste, compositeur et arrangeur Romain Dugelay et par l’anthropologue, percussionniste et chanteur Jaime Salazar, Pixvae confronte les chants et percussions de la Côte Pacifique colombienne aux soubresauts européens du jazzcore. Au bout de quelques mois se fait sentir l’envie de creuser davantage, d’explorer également le son de la « Côte Caraïbe », d’expérimenter en plus grand. Une nouvelle greffe intervient lorsque Pixvae invite les musiciens colombiens Juan Carlos Arrechea, percussionniste professionnel et actif sur la scène locale depuis 10 ans (marimba de chonta) et Elber Alvarez, musicien, compositeur et luthier spécialiste des musiques de la côte Caraïbe colombienne (flûtes gaitas) ainsi que le français Clément Edouard (dispositif électronique et traitement sonore). Entre les sonorités vibrantes de l’instrumentarium colombien et les frissons de l’amplification, Pixvae développe une nouvelle inflorescence dénommée Kaixu (« coeur » en langue Awa).
Parti des musiques dites traditionnelles des côtes colombiennes pour les confronter à l’énergie électrique des musiques « souterraines » et à la tradition du jazz « tout terrain », Kaixu se nourrit autant de leurs différences de pratiques que de leurs dénominateurs communs.
Culture de la transe et de l’improvisation, conjonction du contemporain et de l’intemporel, de l’ubique et de l’unique, la musique qui découle de ces croisements nous questionne, par le biais de tableaux sonores, sur les spécificités supposées des traditions musicales à l’œuvre.
Lors de la première résidence de création du projet, qui s’est déroulée à l’université ASAB de Bogotá du 12 au 17 avril 2017, Kaixu a matérialisé la rencontre entre des mondes en apparence distants et « joué » avec ce qui nous a été historiquement présenté comme des traditions. Un défi artistique qui va bien au-delà d’une superposition stylistique et propose plutôt de créer de nouvelles grammaires musicales, de nouveaux paysages sensoriels et de nouvelles ramifications pour ces traditions vivantes. Fort de cette première expérience enthousiasmante, Pixvae avec son projet Kaixu continuera sur sa lancée avec une seconde période de création à Lyon en octobre avant une tournée française.