Analyse carbone des tournées (Promotion 1 et 2)¹
par Gwendolenn Sharp
Ce calcul des 2 promotions des tournées Footprints, établies entre 2022 et 2023, est complémentaire de l’Étude d’impact carbone des lieux et festivals de jazz publiée en avril 2022, continuant de démontrer l’importance de l’observation et de la connaissance fine des impacts pour établir des stratégies cohérentes avec les réalités du terrain.
Le choix a été fait de se concentrer sur la mobilité des artistes (en termes de modes de transport, qui représente la plus grande part des émissions). Les chiffres couvrent 2 années d’expérimentation de tournées locales. Avec un nombre constant de concerts (39 pour la Promo 1 et 40 pour la Promo 2) et un nombre légèrement plus élevé de musicien·nes impliqué·es (22 pour la Promo 1 et 25 pour la Promo 2), les 6 tournées Footprints de la Promo 2 pèsent 12 tCO2e contre 27,5 tCO2e pour les 5 tournées Footprints de la Promo 1.
- Malgré un nombre légèrement plus élevé de concerts et d’artistes impliqué·es, l’impact CO2 des tournées Footprints n°2 a été inférieur de 50 % à celui des tournées n°1.
Sans surprise, l’avion représente la plus grande part des émissions.
Pour les tournées de la Promo 1, 93,5 % des émissions sont liées à l’avion, qui couvre 71 % du nombre total de kilomètres parcourus (125 000 km).
Pour les tournées de la Promo 2, 78 % des émissions sont liées à l’avion, qui couvre 45 % du nombre total de kilomètres parcourus (44 000 km).
- Les émissions de CO2 liées à l’avion ont diminué de 24 % entre la Promo 1 et la Promo 2.
Cette baisse significative des émissions entre les 2 tournées s’explique par une forte réduction du nombre de tournées impliquant des déplacements en avion et par la réduction des distances parcourues par les groupes. Le nombre total de kilomètres entre les deux Promos a été réduit de près de moitié (176 000 pour la Promo 1 vs. 96 000 km pour la Promo 2).
Lors de la première série de tournées (Promo 1), 4 tournées sur 5 comportaient à la fois des vols moyen-courriers et court-courriers, et seulement une des tournées n’utilisait que des transports terrestres. Ces tournées représentaient de 1,5 à 12,6 tCO2e. En moyenne, chaque tournée de 2022 comprenait 4 musicien·nes et présentait 8 concerts. Ils ont parcouru 35 000 km chacun (1127 km par musicien et par concert en moyenne). Chaque tournée a émis 5,5 tCO2e en moyenne.
Lors de la deuxième série de tournées (Promo 2), 2 tournées sur 6 se sont déroulées uniquement grâce aux transports terrestres, et 2 autres ont utilisé un nombre minimum de vols. Elles ont généré entre 0,2 et 5,7 tCO2e. En moyenne, chaque tournée de la Promo 2 comprenait 4 artistes et présentait 7 concerts. Ils ont parcouru 16 000 km chacun (600 km par artiste et par concert en moyenne). Chaque tournée a émis une moyenne de 2 tCO2e.
- L’impact des tournées Footprints varie de 0,2 à 12,6 tCO2e (3,6 tCO2e par tournée en moyenne).
© Paul Bourdrel
Leçons tirées et axes d’amélioration :
– L’accent mis sur le calcul des émissions de carbone liées aux déplacements des artistes met indubitablement en évidence le poids des voyages en avion. D’autres données pourraient être collectées concernant l’hébergement et la nourriture en tournée afin d’avoir une vision plus précise des différents impacts.
– L’utilisation de véhicules électriques et de ferries a été marginale sur tous les itinéraires. Les chiffres obtenus en calculant leur impact ne sont pas suffisamment représentatifs pour en tirer des conclusions dans le cadre de cette étude.
– Un transfert modal de l’avion vers le train peut avoir un impact positif significatif sur la réduction des émissions et peut être facilement mis en place pour remplacer une partie des vols de correspondance.
– Favoriser les voyages en train en Europe, lorsque c’est possible, en particulier comme alternative aux vols intérieurs et aux vols court-courriers (moins de 1 000 km), a un impact positif significatif sur la réduction des émissions liées aux déplacements. Il faut toutefois tenir compte des coûts et de la différence de durée. Des cartes d’accès claires sur les différents itinéraires touristiques fournissant ces informations pourraient être un outil utile.
– Pour atteindre ces objectifs, nous devons continuer à sensibiliser les artistes, les promoteur·ices et les agent·es, et former ces dernier·es ainsi que les artistes sur les problématiques liées au carbone et à l’environnement, et en particulier sur les éco-tournées.
Gwendolenn Sharp
13 mars 2024
¹Pour réduire le degré d’incertitude de ces bilans carbone, les données ont été collectées à partir de données d’activités physiques et spécifiques, et des facteurs d’émission aussi précis que possible ont été choisis (source : ADEME). Il convient toutefois de noter qu’un certain degré d’incertitude est inhérent à l’exercice de calcul des émissions de carbone.