Interview  | TanDEM 2024, présentation des lauréat·es ! 

Rencontre avec Joséphine Besançon et Vivien Verrecchia qui tout au long de la saison ont pu profiter de tanDEM, notre dispositif de résidence à destination des jeunes musicien.nes instrumentistes. 

Annonce : ils présenteront leur projet respectif PAWPAW et RELIEFS en concert au Périscope le mercredi 10 juillet, save the date !

En attendant, nous leur avons posé quelques questions, entre parcours et inspirations ...

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Joséphine Besançon

Vivien Verrecchia

Peux-tu nous parler de ton parcours artistique ?

Vivien : J’ai commencé la musique très jeune à l’école de musique de l’Arbresle. C’est mon premier (super) professeur de batterie, Jérémy Pavaday qui m’a poussé vers le groove et le jazz. Au lycée, j’ai pu jouer avec plus de monde et j’ai eu mon premier groupe avec lequel on se produisait publiquement. Je jouais énormément de guitare à ce moment.

La musique a pris de plus en plus de place avec mon entrée au Conservatoire de Lyon en 2021. Ça m’a fait énormément de bien de pouvoir me consacrer à la musique à plein temps. Actuellement, j’accompagne plusieurs projets : Jade Pappagallo, qui est une chanteuse aux influences néosoul et Abacus, un septet de jazz funk. Cette année, j’ai créé avec mes amis le groupe PawPaw.

Joséphine : J’ai commencé la musique étant petite, d’abord par le piano, puis j’ai découvert la clarinette et c’est l’instrument que j’ai vraiment choisi. Mon père est musicien et nous jouions en famille. J’étais élève dans un conservatoire municipal en musique classique et j’aimais beaucoup jouer en ensembles. C’est au moment du bac que j’ai décidé de devenir professionnelle. Quelques années après, je suis rentrée au CNSM de Paris, où j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde, jouer de nombreux répertoires, apprendre à maîtriser les différentes clarinettes (de la basse à la piccolo).

À présent, je travaille dans plusieurs ensembles, surtout autour de la musique contemporaine, l’orchestre symphonique, la musique de chambre et le théâtre musical. À la sortie de mes études, j’avais tout de même un manque par rapport à l’improvisation, la compréhension de l’harmonie, du groove et j’étais attirée par des musiques plus populaires. C’est à ce moment que j’ai découvert le choro, une musique brésilienne, qui m’a donné l’envie d’explorer de nouvelles façons de jouer, même si cela me sortait complètement de ma zone de confort ! Depuis, j’ai commencé à me former en jazz, d’abord en région parisienne, puis à l’ENM à Villeurbanne.

« C’est donc un projet en pleine évolution et j’ai le sentiment de toujours découvrir l’immensité de ce qu’il est possible de vivre en musique. »

Joséphine

On se demande de quoi est faite la vie d’un.e jeun.e musicien·n·e en 2024 :
Par quoi est rythmé ton quotidien ?

Vivien : Mon quotidien est partagé entre mes études de relations internationales à la fac et la batterie jazz au Conservatoire. Il y a des périodes plus intenses d’un côté comme de l’autre et je dois m’adapter. 

J’écoute beaucoup de musique, d’interviews et je lis.

Je m’intéresse aussi à la structuration de projets musicaux. J’ai participé au dispositif Lobster du Périscope qui m’a aidé à développer plein de compétences de gestion de projet. 

Joséphine : Mon quotidien musical aujourd’hui est un peu partagé en deux : d’un côté il y a les projets
avec les différents ensembles dans lesquels je joue, donc des répétitions, des concerts, des déplacements, des résidences…

Et parallèlement, il y a l’apprentissage du jazz, rythmé par des cours, du travail personnel, des sessions, de l’écoute. Peu à peu, j’essaie que ces mondes se rencontrent et cohabitent, ce n’est pas toujours évident, mais je sens que les deux se nourrissent l’un l’autre.

Qu’est-ce qui te motive pour créer et pour construire ta carrière ? 

« Faire de la bonne musique !! J’aime vraiment le fait de créer quelque chose d’unique avec les personnes avec qui j’aime jouer et passer du temps. »

Vivien

Joséphine : Je crois que ce qui me motive le plus, c’est le fait que la musique se partage, avec le public, avec les autres musiciens, et c’est cet aspect qui stimule et qui pousse à se dépasser, à oser sortir de ce que l’on connaît.

Tu as été sélectionné sur le dispositif tanDEM de cette année. Comment imagines-tu faire évoluer ton projet avec cette année de résidence au Périscope ?

Vivien : Le dispositif tanDEM va me permettre de développer mon groupe PawPaw. C’est un quintet qui est à la fois acoustique et hybride. Notre musique est teintée de jazz contemporain, de hip-hop et d’afrobeat. Ce groupe me tient particulièrement à cœur, il réunit les amis avec lesquels j’ai le plus d’affinité musicale. Il est composé de Gaël Bïhr à la guitare, Antoine Perret à la trompette, Hénock Kona à la contrebasse et aux synthés et Malou Strauss au saxophone ténor et à la flute traversière.

Nous voulons nous servir au mieux des deux résidences pour travailler plus en profondeur notre set. Nous aimerions développer un vrai jeu de lumière qui puisse accompagner notre musique. En effet, nos compositions ont souvent une narration, et penser à la lumière nous permettra de donner une dimension très immersive au spectacle.

Joséphine : Le projet que je vais présenter s’appelle RELIEFS, il s’agit d’un quartet avec guitare électrique, contrebasse, batterie et clarinettes bien sûr. Il y aura principalement des morceaux que j’ai écrits et un arrangement d’un morceau de Bill Frisell, un artiste que je trouve particulièrement inspirant par la pureté de son écriture et le travail du son de ses ensembles. Je cherche aussi à explorer les multiples sonorités de nos quatre instruments, notamment par des modes de jeux, parfois issus de créations contemporaines que j’ai pu jouer.

Reliefs, c’est aussi une image qui me plaît dans l’écriture de ce projet, comme l’ascension d’une montagne, il s’agit aussi de choisir un chemin, éprouver la gravité, parfois ressentir du vertige, se perdre, prendre une grande inspiration, observer autour de soi, sentir les grands espaces et la vie qui nous entourent.  

Comment définis-tu ton lien avec ton instrument de musique ? Qu’est-ce qui t’a conduit à le choisir et quelles spécificités de cet instrument te plaisent le plus ?

Vivien : La batterie est un instrument formidable et ça me fait énormément de bien d’en jouer. Il y a quelque chose de très spontané et de très immédiat que j’adore avec cet instrument. La batterie permet de faire danser, elle met les corps en mouvement. 

Joséphine : J’aime le fait que la clarinette ait plusieurs facettes, il y a une infinité de façons d’en jouer.
Comme avec plusieurs personnages, il est possible de changer radicalement de rôles et de caractères, dans tous les registres, du grave à l’aigu, c’est aussi un son qui se fond très facilement aux autres.

Quels sont les trois morceaux que tu voudrais faire découvrir au monde entier ? Et pourquoi ?

Vivien : Il y aurait d’abord Arawak Uhuru de Sélène Saint-Aimé. L’album Potomitan qu’elle a sorti en 2022 a été une vraie révélation musicale et poétique pour moi. Cette composition a quelque chose de lyrique avec un rythme dynamique. Le groupe est original : il n’y a pas d’instrument harmonique. Ce titre est très puissant, et tellement entêtant.

Ensuite, ce serait Leaping: Believe de Nate Smith. J’admire la manière dont Nate Smith compose et c’est un véritable modèle : il n’hésite pas à se mettre en retrait niveau batterie pour prendre une place de chef d’orchestre. Le morceau en question est très progressif ; il est à la fois dense et cohérent. Le mélange du RnB/hip-hop avec le quatuor à cordes et son jeu aux balais est vraiment beau.

Pour finir, Rose Rythm de Doudou N’Diaye Rose. C’est une pièce de tambour sabar avec un peu de chant, joué par plus de cent musiciens et musiciennes. Doudou N’Diaye Rose est un immense percussionniste, et je trouve que sa manière de penser la musique est super intéressante : il y a souvent un motif rythmique de base, des appels, des rythmes en tutti… C’est une culture rythmique unique. 

Joséphine : Voici un choix de trois personnalités que je trouve très inspirantes :
D’abord, en tant que clarinettiste, j’aimerais partager mon admiration pour Anat Cohen, qui a un jeu d’une immense sensibilité et une énergie réellement contagieuse, à la fois en jazz, mais aussi dans la musique brésilienne. J’ai choisi le morceau Ambitious qu’elle joue avec Marcello Gonçalves dans l’album Outra Coisa.

Je voudrais aussi faire découvrir une compositrice contemporaine, Rebecca Saunders avec Stirrings Still qui a un univers très riche, et dont je me suis inspiré aussi pour écrire un des morceaux de mon projet.

Enfin, j’aimerais parler de Michael Gallen, un compositeur irlandais avec qui j’ai la chance de travailler dans la création de deux opéras, sa musique est d’une grande profondeur et humanité, je préfère vous laisser tout simplement écouter Impi, une suite pour voix et ensemble.

Micheal Gallen – Impi
sur Radio France

Photos : Paul Bourdrel