Repérer, fédérer et défendre les petits clubs qui boostent les scènes artistiques en Europe.
- 09/2021
Offbeat : innovative spaces for creative music
En 2020 le Périscope initie aux coté du Petit Faucheux (Tours) et de BMC (Budapest) un projet à la rencontre des clubs et lieux qui font vivre les scènes artistiques européennes.
Le Périscope est engagé depuis plusieurs années dans des collaborations européennes avec de nombreux partenaires. L’un des principaux défis que nous avons constaté ensemble est un manque de visibilité et de soutien pour les petits clubs de musique live.
C’est en effet en visitant les lieux, en rencontrant les acteurs, musiciens, journalistes, promoteurs, institutions de 7 villes européennes que nous avons pu identifier l’importance essentielle des petits lieux de musique sous des formes très différentes. Il en a été de même lors de notre projet mené avec la ville de Bogota. Tous ces projets nous ont conduit à aborder la question de la création et du renouvellement des scènes artistiques dont les petits lieux sont au cœur de chacune des histoires et des projets.
Des lieux avec une communauté musicale dynamique
Nous aimons considérer la « scène » artistique d’une ville comme un ensemble d’artistes, de lieux de concert et lieux de production musicale étroitement liés. Les clubs sont alors bien au centre de ces écosystèmes, étant des lieux de découverte de la musique mais aussi des espaces vivants, fait de rencontres entre musiciens locaux et étrangers, et pour beaucoup, des lieux de fabrication de la musique.
C’est souvent dans ces endroits que naissent et se renouvellent les scènes artistiques. Ces salles sont souvent intrinsèquement liées à l’émergence de scènes artistiques ou peuvent les accueillir. Ce sont des lieux de rencontres et d’expérimentations, des lieux de liberté et de diversité artistique, souvent peu contraints par des besoins économiques directs.
Ce sont des lieux de musique de niche, des lieux d’artisanat musical qui représentent la majorité de l’activité artistique professionnelle.
Des retombées sociales et économiques pour le local.
A travers ces projets, tous spécifiques, c’est tout un écosystème qui se structure sur le territoire, au-delà même du cercle artistique. Ces lieux permettent à des musiciens, des (souvent jeunes) professionnels de la culture de démarrer ou de développer une activité professionnelle. Ces lieux sont également de véritables centres de vie dans les quartiers où ils sont implantés. Ils permettent ainsi le développement d’une vie sociale et culturelle active et régulière avec un certain type de proximité.
Ils deviennent souvent le moteur d’un ensemble d’autres types d’engagement social même si cette dynamique n’est pas forcément structurée ou formelle.
Offbeat : la création d’un label commun
Ces acteurs sont confrontés à de nombreux défis actuels. L’évolution des tendances de la consommation musicale et l’environnement réglementaire des centres urbains peuvent souvent mettre en péril ses initiatives. Certains lieux trouvent un soutien et des moyens pour faire face à tous ces obstacles, mais d’autres sont démunis et très vulnérables.
Ces risques se conjuguent souvent avec une certaine lassitude, lorsque l’initiative volontaire et dynamique du début d’un projet doit trouver un second souffle et une certaine structure professionnelle nécessaire à la pérennité des projets. Afin de faire face à ces défis actuels et pour pérenniser et renforcer ces initiatives, nous souhaitons imaginer le développement d’un label avec un ensemble de lieux représentatifs et diversifiés en Europe. Ce label couvrirait deux missions :
Mettre en valeur ces projets auprès du public en présentant tout ce qu’ils représentent au-delà de l’activité de concerts. Valoriser ces acteurs auprès des partenaires en les mettant en perspective avec de nombreux lieux européens.
A l’heure où les grands festivals explosent et où le tourisme culturel s’est trouvé un modèle tourné vers les grands événements culturels, il devient de plus en plus difficile pour les petits lieux de trouver et de toucher le public, du moins avec la communication traditionnelle.
Nous pensons qu’il est essentiel d’impliquer le public dans la dynamique des petits lieux de musique. Si un public comprend et s’identifie à la démarche globale du lieu, non seulement au concert du soir mais à toutes les actions menées et aux valeurs promues, il sera fidélisé et aura une présence continue et renouvelée dans le lieu.
Nous ne parlons pas ici d’une démarche de soutien ou de défense ponctuelle de ces lieux par les citoyens mais d’une réelle appropriation de ces espaces. Le label créé permettra ainsi de dépasser l’action de consommation culturelle pour entrer dans une pratique culturelle ; une pratique constructive consistant à assister au concert, à participer aux actions, individuellement ou en famille.
Cette notion d’usagers engagés peut facilement être amplifiée en prescrivant du premier cercle au second cercle de la connaissance.
Les initiatives de petits lieux sont perçues très différemment selon les villes européennes. Les politiques publiques sont évidemment toutes différentes, mais il est vrai que ce type de lieux éprouvent des relations plus ou moins complexes ou inexistantes avec leurs institutions locales et nationales. Cela vient à la fois des lieux eux-mêmes et de leur équipe, qui ne sont pas toujours compétents ou expérimentés, des projets qui peuvent être complexes à comprendre et des institutions qui ne sont pas toujours adaptées ou structurées pour avoir les outils pour soutenir ces initiatives.
Nous sommes convaincus, suite aux nombreuses expériences déjà menées en Europe et ailleurs (Bogota notamment), qu’une approche européenne du sujet est pertinente. Le processus de construction du label permettra de montrer qu’à travers la grande diversité des actions des petits lieux, des hubs créatifs, il s’agit bien d’un ensemble de projets dont l’action est essentielle pour la vitalité artistique, sociale et économique des villes.
Chaque exemple, dans sa diversité, son histoire et son empreinte dans le paysage culturel, servira de base à la compréhension des autres projets.
Un travail de présentation, d’explication, de dialogue, à l’aide de cet outil (le label et les lieux qui y sont représentés) permettra localement de renforcer la reconnaissance et le soutien des petits lieux.