Julia Robert
Voyage dans le baroque
« De prime abord, le travail de Julia Robert échappe à toute description. Bondissant d’un
Quatuor à cordes de musique contemporaine (Quatuor IMPACT) à une performance
transdisciplinaire en solo (FAME, 2021), partant former un duo avec Charliebeatbox (EXIT)
qui débouchera sur pièce musicale performative (2024), prenant le temps au passage
d’intégrer un Orchestre de Nouvelles Créations Expérimentations et Improvisations
musicales (O.N.C.E.I.M) et de devenir directrice artistique de sa structure (Compagnie
Leidesis), elle compose (alètheia – solo viole d’amour et chant, 2023 ; création sonore de
daté.e.s de Pol Pi, 2020), elle rejoint des mises en scène (Ce qui demeure d’Élise
Chatauret, 2016 ; Knit de Marine Mane, 2022). “C’est un peu risqué”, prévient-elle, “parce
qu’à chaque création, on dirait que je passe du coq à l’âne. En réalité, de l’une à l’autre, j’ai
la même envie de bousculer les gens, de me confronter aux matières et de proposer au
public d’autres manières d’écouter.” Si l’on peine à la saisir au départ, c’est que son travail
se situe précisément dans la transformation elle-même.”
« Je suis en évolution, mais tout était déjà là. Pendant de nombreuses années, j’ai porté tout
cela sans l’exprimer. Aujourd’hui, j’ose le sortir de moi. Il y a une urgence dans ce que
j’essaye de raconter et de faire. » Le son est la racine commune, continuellement mouvante,
de ses multiples projets : « Je pars toujours du son. J’entends avant de faire. L’art musical
est celui qui me définit le plus.» Issue d’une famille mélomane « qui écoutait de la musique
en permanence », elle s’amuse d’être littéralement née « sur un air d’opéra puissant de
Maria Callas ». Pratiquant la danse, le chant et la musique depuis l’enfance, elle se forme
notamment à l’alto classique au sein du Conservatoire National Supérieur de Lyon puis
auprès du quartettiste Friedemann Weigle. Elle opère sa première mutation, par l’écoute,
lors de son long séjour à Berlin en 2010-2011, au cours duquel elle navigue entre les
concerts de la Philharmonie, « où l’orchestre joue avec ses tripes », les soirées du Berghain,
discothèque électro au « son magnifique que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs », et la
foisonnante scène d’improvisations et de performances. Elle fait à ces occasions ses
premières rencontres avec des personnes trans ou non-binaires (c’est-à-dire ne se
reconnaissant pas dans la catégorisation traditionnelle homme/femme), avec lesquelles elle
apprécie particulièrement de travailler aujourd’hui : « Je ne suis pas trans moi-même, mais
en termes de sensibilité, je me sens bien plus à l’aise avec iels. » En 2014, elle assiste au
festival de Darmstadt, centré sur les musiques nouvelles, et l’expérience constitue un point
de bascule : « J’en suis ressortie en me disant que je voulais tout faire ! » L’éclectisme
comme principe d’exploration radicale. »
au Périscope
Julia Robert (viole d'amour)
au Périscope