L’Ocelle Mare
C’est une ritournelle qui s’éveille, se déploie, s’absente, resurgit, se transforme, s’oublie, s’éveille encore.
Une ritournelle tout en plis et en creux, qui donne à voir autant qu’à écouter, théâtre d’ombres acoustiques où chaque timbre, chaque rythme, chaque modulation, naît d’un geste minutieusement affiné.
« Je n’écris pas la musique, c’est un assemblage de mémoires de gestes. »
Thomas Bonvalet
Des gestes trouvés, accidentellement ou pas, au fil d’une longue pratique : tel clavier qui frotte sur cette guitare lors de la préparation d’un concert, tel tambourin qui vibre de façon singulière lorsqu’il est posé sur cet ampli, la durée et l’intensité de souffle à donner à la flûte pour que les cordes du piano ouvert en déclinent et réverbèrent les harmoniques…
Des gestes à la fois très savants et très simples, qui refusent souverainement les catégories du moderne et de l’archaïque, du naturel et du culturel. Ils convoquent plutôt toute une généalogie intime et collective, musicale et technique, la mémoire de mille musiques et de mille temps. Il n’y a pas de chemin, en effet, plus aucun chemin dans ce monde défait.
En revanche il y a ces gestes qui permettent de chercher la mesure humaine, qui donnent la possibilité d’une attention nouvelle aux corps, aux objets, à l’espace, des gestes qui inventent d’autres relations entre eux et d’autres manières d’être vivant, des gestes à travailler et partager sans cesse. « C’est fragile, ça peut toujours se disloquer. Je dois lutter, rester à l’écoute de ce qui est en jeu dans un morceau, insuffler ce qui va le faire tenir debout. »
Et la ritournelle de poursuivre ses mutations dans les plis et les creux de nos propres souvenirs.
A propos
Initié en 2005, “l’ocelle mare”, le projet solo du multi-instrumentiste Thomas Bonvalet , a été en constante évolution et transformation. “Sans Chemin”, sixième disque sous ce nom, enregistré sur deux ans, témoigne plus d’un parcours que d’un état, déclinant parfois les étapes successives d’une même forme. Thomas Bonvalet agit sur un dispositif instrumental en temps réel, qui s’organise en plans sonores (amplifié et non amplifié, proche et distant), en un jeu d’interactions et de rétroactions. Le corps (et ses mouvements) est au cœur de ce système. L’amplification est multiple et de taille variable, mouvante (interruptions, manipulations, déplacements), spatialisée et parfois timbrée par la mise en contact de tambourins ou de membranes sur les hauts parleurs.
au Périscope
Thomas Bonvalet : guitare électrique, banjo basse six cordes, percussions corporelles, clavier Casio, téléphone portable, métronomes numériques et mécaniques, générateur d’ondes, interrupteurs, noise gate, scotch de peintre, tambourins et membranes, micros et amplificateurs.
au Périscope