Ni
Tension agitée
Réputé pour son côté « débile et sautillant » (sic), Ni s’essayait sur Pantophobie (2019) à une musique plus sombre et lourde, à l’image de la période traversée par le groupe. Les cloches de Fol Naïs sonnent l’heure d’un retour aux tempos plus rapide, non sans affirmer son renouvellement instrumental.
Math Rock ? Noise ? Metal ? Jazz ? Sur ces 10 nouveaux titres, Ni se plaît plus que jamais à brouiller les pistes et décontenancer son auditoire, restant fidèle à son envie d’aller plus loin dans l’expérimentation. Appel à la modernité, les guitaristes Anthony Béard et François Mignot exploitent de nouvelles pédales, portés par des envies de sons proches des synthétiseurs, approfondissant leur alchimie avec la section rythmique anarchique de Benoit Lecomte (basse) et Nicolas Bernollin (batterie). Dès « Zerkon », aussi chaotique que jovial, on sait que les oreilles auxquelles on s’adresse sont de préférence les plus aguerries.
Que de palpable tension au fil des morceaux suivants, hybrides de Don Caballero et Meshuggah (« Chicot », « Dagonet »), quand ils ne se parsèment pas du breakcore d’Igorrr (« Brusquet ») ou de la rage totale de Botch (« Rigoletto »). Fort heureusement, Ni parvient sans mal à incorporer de relatives respirations (« Berdic », le triptyque « Triboulet »), culminant vers le lent et ambiant « Cathelot », avec sa vielle à roue vectrice d’une certaine élévation. Pirouettes et pieds de nez adressés aux conventions musicales s’enchaînent.
au Périscope
Anthony Béard (guitare)
François Mignot (guitare)
Benoit Lecomte (basse)
Nicolas Bernollin (batterie)
au Périscope