Ava Mendoza + Farida Amadou
Rhino Jazz Festival
Voilà un événement original et singulier comme les a toujours affectionné le Rhino, hors des sentiers battus et ouvert aux oreilles curieuses, proposant d’afficher un double solo de dames qui ont un rapport aux cordes aussi étonnant que détonnant. D’abord, la bassiste belge Farida Hamadou, une trentenaire qui a débuté il y a une douzaine d’années dans un répertoire blue-jazz et hip-hop, qui lui a permis de tourner avec de nombreux groupes européens avant de basculer dans le punk-noise avec Cocaïne Piss. Depuis 2019, cette musicienne iconoclaste se consacre à une performance solo – plutôt rare chez les bassistes – qui a révélé son art pour la musique improvisée, entre free-jazz et rock expérimental, accouchant d’un maelstrom sonore qu’elle délivre d’une rage fiévreuse.
Une conscience intuitive de l’impro, exutoire viscéral exprimé par un jeu tout en tension, partagé de la même façon cette fois-ci à la guitare par Ava Mendoza, compositrice de Brooklyn qui développe sa technique depuis bientôt trois décennies, entre ses tournées avec des musiciens comme John Zorn ou Fred Frith, ou comme « leadeuse » du groupe rock Unnatural Ways. Auteure d’une dizaine d’albums, la guitariste toute en énergie et expressivité pour déconstruire le blues jusqu’au punk, s’est lancée dans des solos dès 2010 en proposant, sans pédale d’effets, une étrangeté sonore inédite où elle dompte aussi bien la fièvre du free-rock et du metal prog, que les textures colorées et saturées qui émanent de son jeu sidérant.